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Comment notre histoire commence

Tout commence en mai 2020. Olivier Dehaudt, passionné de livres anciens de spiritualité et de vies de saints, propose à Stéphane Mercier, non moins passionné de livres anciens, d'histoire de l'Eglise et de philosophie, de créer une revue qui aurait pour objectif de faire sortir de l'oubli tous ces textes magnifiques, publiés au fil des siècles, et d'une valeur immensurable pour le salut des âmes.

Olivier Dehaudt parle du projet à l'Abbé Philippe Lovey qui lui évoque la conversion de Saint Augustin.

En 386, dans un jardin de Milan, Augustin et un ami reçoivent la visite d’un patricien d’Afrique. Tout heureux de voir là un rouleau des épîtres de saint Paul, le dignitaire se présente comme étant lui-même chrétien, et relate aux deux amis la vie de saint Antoine et des anachorètes menant au désert une vie de prière et d’austérités.

Quand le visiteur prend congé, Augustin se retire dans un coin du jardin, pleurant sur sa propre lâcheté, tandis que d’autres hommes moins savants et cultivés que lui-même s’engagent généreusement sur la voie du ciel.

S’élève alors une voix, comme d’un enfant entonnant une ritournelle. Elle chante: «Tolle, lege! tolle, lege! — Prends, lis! prends, lis!» Intrigué par cette cantilène enfantine qu’il n’a jamais entendue auparavant, il se souvient de la vie de saint Antoine, dont vient de l’entretenir le dignitaire d’Afrique: Antoine s’était donné au Christ après avoir, dans une église, entendu un passage de l’Évangile qui paraissait lui être destiné. Se pourrait-il que la ritournelle juvénile soit un appel du ciel à Augustin?

Il retourne alors où était déposé le rouleau des épîtres de saint Paul, le prend, l’ouvre au hasard et lit: «Ne vivez pas dans les festins et dans l’ivrognerie, ni dans les impudicités et la débauche, ni dans les contentions et les envies; mais revêtez-vous de Notre-Seigneur Jésus-Christ, et ne cherchez pas à contenter votre chair selon les désirs de votre sensualité» (Rm 13, 13-14).

Il referme le livre; le tourment qui l’habitait quelques instants encore auparavant a disparu, les attaches qui, quoique plus fragiles, le retenaient encore aux charmes du siècle, se sont évanouies: Augustin est libre de devenir enfin saint Augustin.

Saint Augustin lisant les épîtres de saint Paul, fresque de Benozzo Gozzoli
Saint Augustin lisant les épîtres de Saint Paul, fresque de Benozzo Gozzoli, 1464-1465, dans l’église Sant’Agostino de San Gimignano, Italie.
Prends, lis

«Prends, lis!» La vie du grand Docteur africain se fait ainsi l’écho de l’appel entendu par saint Antoine, et rappelle l’épisode biblique des Actes, où l’officier de Candace, la reine d’Éthiopie, se fait expliquer par l’apôtre Philippe le passage d’Isaïe qui l’intriguait, de sorte qu’il s’en retourne chrétien dans son pays (Ac 8, 26 suiv.).

Saint Philippe baptisant l'eunuque de la reine Candace
Saint Philippe baptisant l'eunuque de la reine Candace, artiste inconnu, 1821, huile sur toile, Musée des beaux-arts du Canada, Ottawa.
Prends, lis

«Prends, lis!» L’appel vient de Dieu, mais réclame notre coopération. «Celui qui t’a créé sans toi, ne te justifie pas sans toi» dira plus tard saint Augustin devenu évêque d’Hippone, en Afrique du Nord (Sermon 169 sur l’Écriture, chap. 11, § 13).

Saint Augustin, Philippe de Champagne, vers 1645-1650, huile sur toile, musée d'Art du comté de Los Angeles.
Prends, lis

«Prends, lis!» Ne croyons pas pouvoir tirer tout le nécessaire de notre propre fonds, mais profitons des trésors que tant d’écrits déploient généreusement devant nous, pour peu que nous voulions seulement les prendre en main pour les lire et nous enrichir de leur substance.

La revue Prends, lis n’a d’autre ambition que de présenter des fleurs aux abeilles de nos âmes, pour qu’elles y butinent à loisir non la sagesse des hommes qui respire la terre (Ph 3, 19), mais la science savoureuse des saints, qui est celle de Dieu lui-même.

Depuis l’Antiquité, une mystérieuse relation unit les fleurs au sang. Le poète Ovide raconte ainsi comment le sang d’Adonis, aimé de Vénus, donna naissance aux anémones, «mais cette fleur», ajoute le poète, «ne se laisse admirer qu’un court moment, car (…) ses pétales tombent, secoués par les vents qui lui donnent son nom», puisque le vent s’appelle anemos en grec (Métamophoses, livre X, vers 737- 39).

Pour nous, les fleurs dont nous recherchons le nectar ne sont pas aussi périssables, car elles n’ont pas été trempées dans le rêve des mythographes mais «dans le Sang précieux du Christ, comme de l’agneau sans tache et sans défaut» (1 P 1, 19).

L’Agneau mystique, retable des frères Van Eyck, détail du panneau central (adoration de l’Agneau), huile sur toile, 1432. «Voici l’agneau de Dieu qui enlève le péché du monde.»

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