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Prends, lis  numéro 9

ave maria

L’Apostolat de la souffrance

Après avoir établi par tout ce qui précède que les souffrances du chrétien sont élevées à l’état divin par Jésus-Christ, il faut aller plus avant; et entrant dans quelques détails, montrer en quoi ces souffrances sont déifiques, c’est-à-dire, quels sont les divins effets qu’elles produisent et pour le chrétien qui les endure, et pour ceux en faveur desquels il les endure. Mais, afin qu’une doctrine à la fois si sainte et si consolante repose aux yeux du lecteur sur des fondements plus solides, ne la séparons pas du principe divin à qui elle doit toute sa raison d’être, comme la branche doit sa vie au tronc...

Les deux Testaments et la centralité du Christ

Une image pour l’approfondissement de notre foi

Qui n’a jamais éprouvé de malaise en parcourant l’ancien Testament, et en y lisant des récits à faire frémir d’horreur ou d’indignation: «Eh quoi?» s’est-on peut-être récrié, «est-ce donc là la Parole de Dieu?» Comprenons que cette répulsion que nous pouvons éprouver devant certaines pages de la Bible, si elle n’est pas justifiée par les textes eux-mêmes, s’explique aisément par notre impréparation. Non que nous soyons ici à blâmer: le manque de préparation n’est pas nécessairement notre faute, car il eût été souhaitable que nous fussions préparés avant que de soupçonner que nous devions nous préparer nous-mêmes. De fait, l’ancien Testament abonde en récits susceptibles de déstabiliser le lecteur non averti...

Petite histoire du christianisme

Le neuvième siècle

Le siècle avait pourtant bien commencé: le parti iconodule avait rétabli la vérité sur le respect dû aux images dans l’Empire byzantin; et le couronnement impérial de Charlemagne, en 800, était apparu comme le symbole du retour d’une structure stable de pouvoir en Occident. Ailleurs, il est vrai, la situation s’était irrémédiablement (Proche-Orient et Afrique du Nord) ou durablement (Péninsule ibérique) détériorée suite à la déferlante des armées musulmanes. Dans le Nord, des nuages menaçants s’accumulaient aussi, lentement mais sûrement, annonçant des catastrophes à venir en provenance des pays scandinaves: les îles Britanniques en avaient éprouvé les premiers assauts avec la mise à sac des abbayes de Lindisfarne, en 793, et de Jarrow l’année suivante...

Hymne de Romanos le Mélode

pour la fête de l’Ascension

Les premières hymnes chrétiennes en langue grecque remontent au troisième siècle, mais le genre connut un premier âge d’or avec le kontákion à partir du cinquième siècle. Ce genre littéraire, originaire de Syrie, est illustré, en particulier, par l’hymne acathiste au tournant du sixième siècle et, à la même époque, par l’abondante production du prince des hymnographes byzantins, Romanos le Mélode. Plus tard, dans le courant du huitième siècle, le kontákion fut relégué au second plan par le développement du kanôn, illustré par de grandes figures comme André de Crète ou Côme (Cosmas) le Mélode, et appelé à demeurer par la suite le genre majeur de l’hymnographie grecque...

«Encore plus de solidité que d’éclat»

À propos d’une réédition bienvenue

Nous devons aux éditions Via Romana d’avoir tout récemment remis en circulation un excellent petit ouvrage, dont le succès et la célébrité, pendant plus de deux siècles, n’ont eu d’égal que l’oubli lamentable dans lequel il était injustement tombé depuis: les Pensées chrétiennes pour tous les jours du mois du père Dominique Bouhours (Le Chesnay [France]: Via Romana, 2022)...

Choisir le vrai maître

Père Emmanuel André (1826 - 1903)

Nul ne peut servir deux maîtres. Il y a un maître unique qui est le bon; mais il peut y avoir plusieurs maîtres injustement reconnus comme tels, puisqu’ils ne le sont pas. Notre-Seigneur nous enseigne donc que nous ne pouvons servir, à la fois, le maître qui est bon et un autre maître que nous ferions bon à nos yeux, parce qu’il nous plairait de le servir...

Ave Maria ?

«Je vous salue» ou «salut!» (si l’expression, en français, n’avais pas acquis, avec le temps, cette note de familiarité qui la rend passablement malsonnante lorsqu’il s’agit d’une salutation respectueuse): ave a donc la valeur d’un impératif comme salve, gaude ou lætare: le «salut» au sens large, qui se marque visiblement par la bonne santé.

Salve, c’est une manière de souhaiter à l’autre d’être, comme nous disons «sain et sauf»; et gaude ou lætare marquent la joie: «réjouissez-vous», «soyez dans l’allégresse». Chez saint Luc (1, 28), en effet, qui nous le dit en grec, l’ange salue Marie en lui disant d’abord khaïré, une salutation liée au nom de la joie (khara) et à celui de la grâce (kharis): se réjouir a donc ici, au sens fort, le sens d’éprouver de la joie pour la grâce ou la faveur qui vient de Dieu, selon «toute grâce excellente et tout don parfait vient d’en haut, et descend du Père des lumières», comme le dit saint Jacques (Jc 1, 17).

Une expression équivalente de la salutation, dans les langues sémitiques, est celle que nous reconnaissons distinctement en arabe ou en hébreu: salãm, shãlõm, «la paix», au sens de «la paix soit avec vous», une expression également attestée en syriaque (shlãmã) et qui dissipe la crainte éventuelle pour annoncer une nouvelle réjouissante. C’est le sens des paroles du Seigneur apparaissant à ses disciples et leur adressant une salutation rassurante: «La paix soit avec vous! C’est moi: n’ayez point de peur» (Lc 24, 36).

Il serait toutefois dommage d’en rester là. Le grand rhéteur latin Quintilien, au premier siècle après Jésus-Christ, évoque en passant sa désapprobation à l’égard de ce qu’il tient pour une pédanterie de (demi-)lettré qui, par souci de correction, croit devoir dire ave sans aspirer l’initiale et en allongeant la finale, sous prétexte qu’il s’agit de l’impératif du verbe avere. Ce pédant dit donc, dans la prononciation de ce temps (le son de la consonne v n’existe pas en latin classique): «aouéé» par analogie avec salve (prononcé salouéé) et vale (prononcé oualéé), alors que l’usage normal—tel est le sens de la remarque de Quintilien—est alors de saluer en disant haoué avec un é bref mais aussi, et surtout, une aspiration nettement audible en tête de mot.

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